Tongariro Alpine Crossing : la montagne du destin – île du Nord
Un trek hors du commun
La dernière éruption date de 2012 !
- En été où la fréquentation est maximale et astronomique – à la queue leu leu – une part non négligeable de touristes s’y balade en tong, et ceux qui s’en sortent le regrettent amèrement !
- En hiver le climat est tout autre : brouillard et froid extrême, 3 semaines avant que je me lance pour ce trek un homme est décédé d’hypothermie, et on peut également trouver des arêtes gelées donc crampons obligatoires mais pourtant trop nombreux sont ceux qui ne veulent pas louer des crampons « parce que c’est trop cher » et qu’ils peuvent faire sans. Dommage de finir sa vie pour 15$NZ soit 8€ 🙂
Source Wikipedia
Jusqu’en 2007, la traversée s’appelait «Tongariro Crossing», mais elle a été remplacée par «Tongariro Alpine Crossing» pour souligner les conditions météorologiques extrêmes sur le terrain exposé
Le conseil de Toto :
En hiver, les conditions de neige et de glace peuvent changer d’une semaine à l’autre, donc nous sommes passés à l’office du parc national pour demander les conditions du trek. La semaine précédente il fallait obligatoirement les crampons car tout était gelé, mais cette semaine nous avons de la chance le niveau de gel étant au-delà de 2000m, la neige a fondu sur l’arête sommitale donc pas besoin de crampons – comme quoi !
Le mordor
Ce qui fait également la popularité de ce trek c’est parce que le Tongariro et ses plaines sont le décor du Mordor et de la montagne du destin dans la trilogie du « Seigneur des anneaux« . Les formations rocheuses volcaniques déchiquetées de la région et les paysages stériles étranges étaient un endroit idéal pour créer le désert sombre et obscur du Mordor dans le film. C’est le mont Ngauruhoe, le plus haut de cette chaîne de volcans qui a été transformé numériquement pour créer le feu de la montagne du destin, le centre de la quête de Frodon pour sauver la Terre du Milieu.
Sauvons la terre du milieu
9h du matin nous voilà partis pour cette longue marche au travers de paysages désertiques, volcaniques et merveilleux. Nous n’avons pas de chance sur le temps, il y a du brouillard et il fait très froid. Il faut les gants, le bonnet, la doudoune et en avant. Niveau météo c’était la meilleure journée de la semaine donc en avant pour aller détruire l’anneau dans le volcan !
Terre de glace et de feu
Tout au long de la randonnée, de gentils panneaux nous rappellent que nous sommes dans une zone volcanique active et qu’il n’est pas prévu d’alarme ou d’évacuation en rang 2 par 2 en cas de danger. Il faut donc rester prudent ! Mais on a beau être prudent, si le volcan se met à péter je vois pas trop ce qu’on peut faire hein ?! 🙂
Arrivés au premier col, nous prenons en pleine face de grosses rafales de vent et la température déjà pas bien haute chute soudainement. 2 minutes hors de la polaire et mes doigts sont gelés ! Le tout dans le brouillard, nous ne pouvons même pas admirer la vue… tête baissée, on continue d’avancer en priant pour une éclaircie.
Traversée du premier cratère dans le brouillard. Le décor est lunaire, ce n’est même plus des cailloux mais un mélange pâteux et on tente de deviner les sommets des volcans qui se dessinent autour de nous.
Nous voilà au pied de l’arête sommitale. Le vent souffle toujours mais s’est nettement calmé par rapport au col précédent et je comprends à présent qu’avec d’énormes rafales de vent, du brouillard et de la glace sur cette arête, l’ascension peut vite devenir fatale sans crampons !
Avec Hugo nous apercevons une éclaircie et on se tape un sprint sur les derniers mètres de la montée pour espérer voir la vue de l’autre côté pendant ces quelques secondes…
Échec
Alors demi échec seulement car il faut vraiment s’imaginer que nous marchions dans le brouillard depuis plus d’ 1h et que d’arriver au sommet en apercevant un semblant de lac à travers les nuages c’était magique ! On s’extasie comme on peut lorsqu’on a rien à voir 🙂
L’éclaircie magique
En descendant ce sommet du Tongariro, nous arrivons aux trois lacs émeraudes qui jouent à cache cache avec les nuages. Après 10km de rando, nous voilà à la moitié du chemin et c’est l’idée de s’arrêter là pour pique-niquer est la meilleure que nous ayons eu. Ces lacs émeraude sont le plus beau spot de la randonnée alors nous faisons la pause sandwich dans l’espoir que le vent dégage un petit peu la vue. Nous mangeons au milieu des fumerolles et de cette odeur de souffre qui nous rappellent qu’à tout moment le volcan peut exploser comme une cocotte minute ^_^
Lorsque soudain, c’est l’éclaircie magique qui change tout ! Les nuages se sont dissipés, la vue est vraiment dégagée, le soleil est sorti,c’est vraiment magnifique et extraordinaire. Nous sommes là avec notre sandwich au beau milieu de ces volcans qui fument et c’est unique.
Etant donné que les nuages nous ont fait manquer la vue sur les lacs émeraudes quelques instants plus tôt, nous nous motivons à remonter dans les cendres et la caillasse du Tongariro.
Et c’est sans regret
Est-ce que c’est pas mieux sans brouillard ?
On peut même apercevoir le Red Crater au dessus duquel on est passé sans savoir.
Malheureusement, l’éclaircie est de courte durée et aperçoit le brouillard s’engouffrer sur la plaine à vive allure poussé par le vent. Il est temps de repartir car l’air de rien nous n’en sommes qu’à la moitié et il reste 9,4 km. Sur le col suivant , nous nous retournons pour jeter un dernier coup d’œil au Tongariro et son voisin le mont Ngauruhoe. En effet le brouillard a totalement envahit la plaine mais le sommet du cratère sort encore le bout du nez. L’atmosphère est mystique, et c’est parfait pour s’imaginer les scènes du Mordor dans le film du Seigneur des anneaux.
Une fois passé le dernier cratère, la rando perd énormément d’intérêt. Il reste 6 km à descendre, c’est monotone, et semble interminable. Surtout dans le brouillard c’est très très long.
Nous terminons bien fatigués et à la limite de la tombée de la nuit. Faute d’avoir attendu le beau temps à la pause repas, mais ça valait le coup ! Même si les conditions n’ont pas été parfaite tout le long du trek, nous avons expérimenté beaucoup de changements climatiques en l’espace de nos 5h de marche. Finalement la rando était plus facile que ce à quoi on s’imaginait du fait de tous les avertissements, accidents et mises en garde du département du parc qu’on peut voir. Cependant il est vrai que dans de mauvaises conditions, et sans équipement adéquat cela peut devenir un vrai calvaire… C’était magique, j’essaierai de le refaire lors de mon retour vers Auckland si le beau temps est présent.
Piero
De toute bôté ! <3